Le Parc National de Kahuzi Biega fait face à des pressions qui menacent aujourd’hui son intégrité et peut causer son déclin. Ces pressions sont pour la plupart dus aux intérêts égoïstes parce que la destruction de ce parc ne profite qu’au seul destructeur mais ses conséquences impactent toute l’humanité. Il s’agit notamment de la déforestation, l’exploitation illicite de minerais et le braconnage.
Pour pallier ce problème, le consortium USHIRKI , un consortium des organisations de conservation des grands singes a tenu une rencontre à Bukavu du 16 au 17 juillet 2024. Cette rencontre a été organisée sous l’égide de Jane Goodall Institute en collaboration avec la Direction Provinciale de l’Institut Congolais de Conservation de la Nature (ICCN SK).
Il ressorti des échanges entre experts de la conservation que le Parc National de Kahuzi Biega PNKB est occupé par les tiers et est à la base de l’insécurité dans et autour du Parc. Celui-ci constituant une des portes d’entrée et de refuge de plusieurs bandes armées. Mais également la perte des grands singes et de leur l’habitat, le tarissement de certains affluents et rivières alimentant le lac Kivu à la suite de la défrettions du Parc, les conflits intercommunautaires conduisant parfois à des pertes en vies humaines ainsi que la prolifération des Maladies Zoonotiques comme le Monky Pox .
Pour faire face à cette destruction progressive du Parc National de Kahuzi Biega PNKB , le comité de coordination technique du CAP recommande ce qui suit :
A l’endroit du Gouvernement provincial de (d’):
a) Intégrer la Direction Provinciale de l’ICCN Sud-Kivu dans le conseil provincial de sécurité;
b) Renforcer la collaboration entre l’ICCN et les FARDC pour la sécurisation des zones contigües au PNKB et veiller à la rotation des troupes pour éviter la coutumisation des acteurs;
c) Appuyer effectivement l’ICCN dans sa mission de conservation de la nature, spécialement dans la sécurisation du PNKB;
d) Intensifier le renseignement dans et autour du PNKB;
e) Accélérer le processus de signature de l’arrêté portant interdiction d’exploitation et commercialisation des ressources naturelles issues du PNKB.
A l’endroit de l’ICCN de (d’):
a) Renforcer son leadership dans la surveillance du PNKB pour des actions rapides et appropriées;
b) Renforcer les dispositifs et les mécanismes de surveillance mais aussi de dénonciation en collaboration avec les services de renseignement;
c) Finaliser la démarcation participative des limites en impliquant l’Institut Géographique du Congo pour la résolution des conflits latents et partager les cartes issues de celle-ci avec toutes les parties prenantes afin d’éviter les redondances et les duplications
d) Sensibiliser et coopérer avec les communautés locales y inclus les peuples autochtones pygmées et appliquer les différentes résolutions pour ce qui concerne cette catégorie;
e) Promouvoir et renforcer davantage l’application de la loi dans le PNKB en collaboration avec les organes habilités;
e) Tenir compte des compétences dans les nominations à des postes clés de responsabilité en particulier celui qui concerne la lutte anti-braconnage.
A l’endroit de WCS de (d’):
a) Apporter à l’ICCN un soutien financier et matériel en matière d’application de la loi;
b) Améliorer la communication en mettant les informations à la disposition des acteurs à temps utile afin que ces derniers contribuent à la sécurisation du PNKB;
c) Consolider les dispositions en place pour assurer à l’ICCN l’autonomie d’action en matière de surveillance et de lutte contre le braconnage;
d) Organiser régulièrement les réunions COCOSI en impliquant tous les acteurs concernés.
A l’endroit des communautés de (d’):
Dénoncer tout mouvement suspect dans et autour du PNKB; Fournir des informations fiables, crédibles et sincères lors des enquêtes et ne pas se laisser manipuler par tout type de leadership; S’abstenir des incursions/activités illégales dans le PNKB.
A l’endroit du Consortium USHIRIKI de (d’):
a) Traiter les grandes résolutions issues du CTT lors de la réunion du Comité d’Honneur à Kinshasa; Produire une note technique à soumettre à la Direction Générale de l’ICCN; Appuyer l’ICCN dans la mise en œuvre de ses outils de gestion;
b) Faire un plaidoyer en faveur de l’appui institutionnel aux coordinations de l’environnement et aux directions provinciales de l’ICCN;
c) Assurer un suivi permanent des résolutions prises au cours de ses différentes réunions.
A l’endroit de tous de:
a) Mettre en place une plateforme de collaboration entre les différents services en charge de l’application de la loi relative à la conservation de la nature.
b) A l’issue de cette réunion, les participants se sont engagés à faire le suivi des différentes recommandations et d’en discuter avec les autorités compétentes au niveau national.
Conformément à sa composition, les structures suivantes ont été représentées : le Ministère Provincial de l’Environnement et Economie Verte du Sud-Kivu, la Direction Provinciale de l’ICCN, la Division Provinciale de l’Environnement et Développement Durable, le Parc National de Kahuzi-Biega, la Réserve Naturelle d’Itombwe, le Centre de Recherche en Sciences Naturelle/Lwiro, la Société Civile Environnementale, les organisations de conservation dont Jane Goodall Institute, GRACE, BirdLife International, PASA, Strong Roots et WCS.
Rappelons que le PNKB est un site du Patrimoine mondial regorgeant une riche biodiversité d’importance capitale pour l’humanité entière à travers ses services écosystémiques. Malheureusement, il fait actuellement face à des pressions d’origine anthropique qui menace son intégrité et qui pourraient causer son déclin.
Sylvie Nabintu
